Aujourd’hui, plus que jamais, notre société fait face à des enjeux inédits avec en tête le dérèglement climatique. L’activité humaine a un impact fort sur notre planète et il est du devoir de chacun d’en prendre conscience et d’essayer, à son niveau, de limiter son empreinte environnementale.
Lorsque l’on travaille dans le numérique, il est facile de penser que l’on n’est pas concerné ! Grosse erreur, l’impact du numérique sur l’environnement est bien réel et représente 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et au rythme actuel : dépassera les 9 % en 2030 ! Refroidissement des serveurs, production du hardware (ce qui induit l’extraction de terres rares, la consommation électrique basée sur le charbon pour le fabriquer en Chine et l’acheminer en Europe), consommation électrique des réseaux, etc.
L’empreinte écologique des sites web est grandissante et cela s’explique notamment par le poids des pages qui a été multiplié par 6 ces dernières années ! En tant que développeur et concepteur de site web, il est tout à fait possible d’allier performance et sobriété ! Et c’est tout le sens de l’écoconception justement !
En bref, l’écoconception numérique revient à « concevoir des outils numériques plus fonctionnels, plus rapides, consommant moins de ressources, des objets connectés plus robustes, réparables, générant moins de déchets : l’ensemble de ces notions peuvent et doivent être étudiées dès la phase de conception afin de concilier transition digitale et transition environnementale. C’est ce que propose l’écoconception. » (Source Green IT)
Pour vous aider, voici les 10 bonnes pratiques à appliquer pour créer un site web éco-responsable :
1) Les vidéos
Elles représentent plus de 75 % des flux Internet et ce chiffre devrait s’élever à 84 % d’ici la fin de l’année 2020. La vidéo a un impact environnemental non négligeable. Avant toute chose, il est important de se poser la question de la pertinence de mettre des vidéos dans les bannières et sur les différentes pages d’un site. Est-ce que cette vidéo est indispensable ? Une image ne ferait-elle pas l’affaire ? Avez-vous pensé au podcast ? Ce format audio est beaucoup moins énergivore que la vidéo, mais tout aussi impactant.
2) Ré-encoder les vidéos
Si elles sont absolument indispensables sur un site, on peut les ré-encoder avec des outils gratuits et open source comme Handbrake qui permet de compresser ses vidéos tout en gardant une qualité acceptable. Pour vous donner un exemple réalisé par The Shift Project :
- avant traitement, voici les caractéristiques de la vidéo de test originale : format 1920×1080, 9mn13, mp4 = 132,90 mp
- après traitement : le gain en poids est de 57,83 mo soit 44 % de réduction ! La vidéo au format de 1920×1080, 9mn13, mp4 ne pèse plus que 75,07 mo.
Cette disposition permettra également à votre site web d’être plus rapide et ainsi mieux référencé sur les moteurs de recherche. Une action gagnante sur tous les plans !
3) Téléchargement vs Streaming
Le rapport « L’insoutenable usage de la vidéo en ligne » publiée par The Shift Project indique que le visionnage de vidéos en ligne aurait produit « 300 millions de tonnes de CO2 en 2018 ». Ces propos sont cependant à nuancer, car l’impact du streaming dépend de nombreux
paramètres tels que la taille de l’écran (smartphone, tablette, TV 4K, écran PC, etc.), la résolution de la vidéo ou encore le type de connexion. Il semble donc plus responsable de proposer ses vidéos en téléchargement plutôt qu’en streaming. Si malgré tout, vous optez pour cette dernière option, programmez par défaut la lecture en basse définition.
4) Visuels et photos
De la même manière que la vidéo, mais dans une moindre mesure, il convient de limiter au maximum les visuels et photos d’illustration choisis. Leur poids, leur taille doivent être réduits au strict nécessaire afin de minimiser l’impact du site web tout en assurant un contenu cohérent. Rappelons que la consommation énergétique d’un site web est en rapport direct avec son poids multiplié par le nombre d’utilisateurs ou de visiteurs qu’il rassemble.
5) Contenu
Quelles sont les informations indispensables à présenter sur mon site web pour atteindre mon objectif ? Première étape : définir l’objectif de son site. Puis, en fonction de l’objectif choisi, définir les informations clés à valoriser sur le site. Il faudra faire la part des choses entre le contenu « essentiel » et le contenu « secondaire » pour être pertinent sans se perdre dans des détails qui n’auront pas de valeur ajoutée. Il ne faut pas hésiter également à supprimer les contenus devenus obsolètes. Car même si pour des raisons de référencement, on souhaite souvent les conserver, s’ils sont obsolètes, le message envoyé aux visiteurs sera contre-productif.
6) Algorithmes
Nous concevons et utilisons des algorithmes pour de nombreux usages : recommandation de produits pour le e-commerce, suggestions de contenus à lire ou visionner pour les plateformes, suggestions de profils sur les sites de rencontre, etc. Dans une logique d’écoconception, ceux-ci ont aussi un impact important sur la consommation de ressources. En effet, au lieu de proposer toujours plus de contenus, l’algorithme peut aussi proposer seulement des contenus de plus grande qualité, un contact avec un opérateur, voire ne pas faire de suggestions supplémentaires, si on détermine qu’elles ne seraient que peu pertinentes. Ces choix auront des conséquences non
négligeables sur l’usage fait par les visiteurs et utilisateurs des applications ou sites web, qui « consommeront » moins (y compris
d’énergie), mais aussi auront une meilleure perception de la qualité des contenus proposés : proposer moins, mais mieux.
7) CSS
Là où on voit encore sur certains sites, des CSS différents utilisés pour plusieurs pages aux contenus proches. S’interroger sur la pertinence de modifications mineures dans la présentation des contenus peut permettre de conserver les mêmes CSS pour l’ensemble d’un site. Et donc de diminuer aussi la consommation énergétique de ce dernier.
8) Outils tiers
Limiter le nombre d’outils externes (Analytics, ads, retargeting, réseaux sociaux, etc) est à considérer. Est-ce que votre activité nécessite d’être soutenue par de la publicité ? Est-ce qu’il est indispensable pour vous de mettre en avant vos réseaux sociaux sur votre site ? Il est important de se poser ces questions afin de prendre des décisions en conscience. L’idée étant de se limiter au strict nécessaire : par exemple, le formulaire de contact ou le CA généré restent les meilleurs indicateurs de performance pour les sites commerciaux.
9) Outils de mesure
Il existe des outils qui permettent de mesurer le poids et donc les performances de son application ou de son site web.
Certaines solutions permettent aux développeurs de coder de manière plus durable, c’est à dire en optimisant les besoins en énergie : plus ou moins intégrés aux outils de développement et de tests. Ils permettent aux développeurs de qualifier et d’optimiser en direct la qualité durable d’un code informatique via un audit statique et des mesures en temps réel. Citons par exemple Greenspector, Ecometer ou encore EcoIndex.
10) Hébergement green
Tout le contenu de votre site web est hébergé sur des serveurs, dont la majorité sont hébergée dans des centres de données. Ces
énormes installations hébergent de nombreux serveurs, et ce pour tous types de sites web. Ces serveurs doivent continuer à fonctionner dans des environnements refroidis et contrôlés. Ils nécessitent donc une grande quantité d’énergie. On comprend aisément l’impact de l’hébergement sur l’environnement.
Choisir un hébergeur « vert » alliant faible consommation électrique et énergies renouvelables, voire réutilisation de la chaleur fatale des serveurs en économie circulaire est une bonne option. Plusieurs solutions existent, à découvrir ici : comparatif hébergeurs verts
Point important : les CER (certificat d’énergie renouvelable) sont générés par des entreprises spécialisées dans la création d’énergies renouvelables. En les achetant, un hébergeur web peut attester qu’il a contribué à la production d’une certaine quantité d’énergie renouvelable. Argument intéressant pour faire votre choix.
Vous voulez aller plus loin dans votre démarche d’écoconception ? Nous vous conseillons plusieurs ouvrages et ressources pour approfondir le sujet :
- https://communicationresponsable.ademe.fr/sites/default/files/les-115-bonnespratiques-ecoconception-web-frederic-bordage.pdf
- https://www.greenit.fr/2020/03/10/ecoconceptionnumerique-un-guide-de-45-bonnes-pratiques/
- https://www.greencode-label.org/
Une chose est sûre, vous pouvez d’ores et déjà vous féliciter pour votre démarche !
L’écoconception de site web est salutaire et permet de prouver que le numérique peut aller de pair avec durabilité !
Article co-écrit avec Antoine Gilles, expert digital.